Éditorial

Et si les abeilles disparaissaient ?

 

Inutile de se donner des frissons en attendant, comme certains illuminés, la fin du monde le 21 décembre 2012. Un autre cataclysme nous menace, bien pire que tous ceux que l’humanité a vécus jusqu’à présent : la mort des abeilles.


Abeilles mortesEn bons prédateurs que nous sommes, nous avons tendance à percevoir les abeilles comme des pourvoyeuses de miel, de gelée royale, de cire, tout entières à notre service. Mais c’est oublier à quel point elles sont indispensables à toute vie végétale.

Sans elles, au petit déjeuner, ni confiture, ni jus de fruits, ni café, ni chocolat, ni lait, car les vaches se nourrissent de végétaux et que les végétaux se reproduisent en grande partie par la pollinisation. 30% de nos aliments proviennent de la pollinisation. 80% des plantes sont pollinisées par une intervention animale et les abeilles sont les plus performantes en la matière.

Pourquoi cette menace ? Pour toute une série de raisons. Aux États-Unis, elles sont victimes de parasites, par exemple de larves issues d’une mouche (Apocephalus Borealis) qui colonisent le corps de l’abeille jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le symptôme le plus visible est une perte d’orientation. Mais il y a aussi, plus près de chez nous, la nosémose, une maladie causée par un parasite (Nosema ceranae) qui rend les abeilles plus vulnérables à certains pesticides et qui les tue.

A cela s’ajoutent les virus, les champignons et les pesticides. Sait-on que depuis 2008 il est permis en France d’enrober les semences de colza de Cruiser, c’est-à-dire d’empoisonner les abeilles ?

Abeilles mortes

Que faire ? Réglementer, c’est-à-dire interdire certains pesticides. Ce sera sans doute le cas pour le Cruiser. Poursuivre les recherches. Le fameux Colony Collapse Disorder”,ou « syndrome de disparition des abeilles », constaté par les scientifiques américains reste en partie mystérieux.

Mais ce qu’on ne dit pas assez, c’est que les abeilles meurent de faim parce que les ressources alimentaires s’appauvrissent, que la monoculture sévit, que les paysages se modifient. Et sur ce plan, nous pouvons tous agir.

Sinon, il nous restera à imiter les Chinois qui, sur les pentes de l’Himalaya, comme le raconte le journal l’Express, pollinisent les pommiers à l’aide d’un plumeau, après la mort des abeilles sauvages !